Le plaidoyer


Le CLAAV a rédigé un plaidoyer pour plusieurs raisons fondamentales. Tout d’abord, nous souhaitons nous positionner comme un interlocuteur privilégié pour les collectivités locales. Nous sommes persuadés que la mobilisation des citoyens est un moyen efficace pour encourager des politiques de développement durable, qui prennent en compte les enjeux environnementaux, sociaux et économiques.

Ensuite, notre plaidoyer est motivé par notre désir de revendiquer des services et des aménagements de qualité pour les cyclistes. Nous sommes convaincus que la promotion de l’utilisation du vélo doit passer par la création d’un environnement urbain adapté aux cyclistes. Cela implique la mise en place de pistes cyclables sécurisées, de places de stationnement pour les vélos, d’un réseau de location de vélos et de services de réparation et d’entretien. Nous sommes également en faveur de l’utilisation d’outils numériques pour faciliter l’organisation des déplacements en vélo, tels que des applications mobiles dédiées ou des services de géolocalisation.

Enfin, nous avons établi une liste exhaustive de propositions concrètes que nous voulons partager avec les décideurs locaux. Nous sommes convaincus que ces propositions peuvent contribuer à faire de notre agglomération un territoire cyclable, où toutes et tous peuvent se déplacer à vélo de manière sûre, confortable et efficace, quels que soient leur pratique, leur âge et leur niveau. Notre plaidoyer servira de base de travail avec les collectivités, nous permettant de justifier nos recommandations et de travailler ensemble à un avenir plus durable et respectueux de l’environnement.

Découvrez ci-dessous nos propositions extraites de notre plaidoyer, vous pouvez également télécharger le pdf en bas de page.

Une politique volontaire et ambitieuse

1/ Établir un plan d’action vélo

Lorient Agglomération, les communes, le département, et de manière générale toutes les collectivités ayant responsabilités sur la mobilité à vélo, établissent chacune un plan d’action vélo (schéma directeur cyclable, etc.) détaillé et ambitieux, avec des jalons et objectifs vérifiables, notamment en termes de part modale et de linéaires d’aménagement. Ces plans sont impérativement accompagnés de lignes budgétaires dédiées et suffisantes, permettant de financer l’ensemble des mesures prises pour développer l’usage du vélo. Pour assurer la qualité des aménagements, toutes les réalisations respectent les recommandations techniques du Cerema.

2/ Mettre en place un réseau cyclable homogène

Ensuite, afin de pouvoir planifier et mettre en place un réseau cyclable homogène, cohérent et continu sur l’ensemble du territoire, la compétence voirie est transférée des communes à Lorient Agglomération. La responsabilité de la création, de l’aménagement et de l’entretien d’infrastructures cyclables n’est plus ainsi partagée entre une multitude d’acteurs, mais seulement entre l’agglomération et le département. Cela permettra de construire un réseau cyclable beaucoup plus facilement et efficacement.

3/ Consulter les associations
 

Les associations et structures représentantes des usagers du vélo seront consultées et entendues de manière trimestrielle sur les projets en cours et à venir

4/ Réduction de la place de la voiture 

Lorient Agglomération et les communes adoptent des politiques ambitieuses et volontaires de réduction de la place de la voiture. Comme le souligne Mathieu Chassignet, chargé des mobilités au sein de l’Ademe : « l’espace public est rare. On ne peut pas multiplier les alternatives à la voiture sans leur donner plus de place, donc sans réduire la place de la voiture dans l’espace public».

5/ Création d’une agence des mobilités 
 

Une agence des mobilités, regroupant l’ensemble des services mobilités est créée par Lorient Agglomération, à l’image des agences de la mobilité du Syndicat Mixte des Mobilités de l’Aire Grenobloise. Cette structure apporte aux usagers une offre centralisée, complète et cohérente de l’ensemble des services de transports du territoire. Elle regroupe ainsi les compétences exercées par la CTRL, Vélo An Oriant (qui passerait ainsi d’une gestion municipale lorientaise à une gestion communautaire) et d’autres structures agissant sur la mobilité sur l’agglo (conseils en mobilité, financement, etc.). Y sont proposés la vente de titres et d’abonnements à l’ensemble des réseaux du territoire (CTRL, TER, Breizh Go), la location de vélos (Vélo An Oriant), un accès au service de covoiturage et d’autopartage et des informations et du conseil sur la mobilité.

6/ Choix des zones commerciales à privilégier

Le développement de la pratique du vélo passe aussi par le choix des zones commerciales à privilégier. Les zones commerciales situées en périphérie des villes découragent l’usage du vélo : il est difficile de s’y rendre en pédalant, elles sont conçues pour la voiture et concurrencent le commerce de centre-ville. Le contrôle de l’implantation de nouvelles zones commerciales en périphérie est fait par les communes dans leurs PLUs et dans le SCOT du Pays de Lorient. De manière plus générale, les communes et l’agglomération et le Pays de Lorient luttent contre l’étalement urbain, qui favorise les déplacements en voiture.

Des liaisons inter et intra communales sécurisées et rapides

Un Réseau Express Vélo (REV) est aménagé. Ce réseau est constitué d’un ensemble d’itinéraires rapides, continus et sécurisés dédiés au vélo, reliant entre elles les communes et permettant de traverser les villes et bourgs.

Ce REV a les caractéristiques suivantes :

  • Assez large pour permettre à deux cyclistes de rouler l’un•e à côté de l’autre et aussi de se doubler, sans en gêner un•e autre arrivant en sens inverse : 2,5 m pour une piste unidirectionnelle, 3,5 m pour une piste bidirectionnelle.
  • Le•la cycliste est prioritaire dans plus de 70 % des intersections.
  • Le réseau garantit une vitesse moyenne de plus de 15 km/h dès qu’un trajet qui l’emprunte excède 2km.
  • Les tournants ont un rayon de courbure de 10 m au minimum, garantissant une vitesse de 20 km/h.
  • Il exclut les zones suivantes considérées comme non-conformes au réseau : l’aire piétonne, la «zone 30» sans aménagement cyclable, la «zone de rencontre»
  • Il est homogène sur tout le territoire, confortable, sécurisant, et utilise une couleur dédiée pour son revêtement. • Il est utilisable partout par les plus vulnérables.
  • Il est entretenu.
  • Il est équipé d’une signalisation claire, verticale et horizontale, et bilingue français-breton.
  • Il intègre les liaisons trans-rade par bateau bus. Ainsi, les bateaux doivent être aménagés pour répondre à la demande de traversée cyclistes + vélos, notamment grâce à un bateau bac, permettant de transporter plus de 50 vélos, dont les cargos de tous types.

Des villes et bourgs apaisés et cyclables

1/ Adopter un plan de circulation

Il est d’abord essentiel pour les communes de Lorient Agglomération d’adopter un plan de circulation. Le plan de circulation permet de circonscrire l’essentiel du trafic motorisé à des axes de transit. Sur ces axes, avec beaucoup de trafic motorisé, les cyclistes bénéficient de pistes cyclables en site propre, séparées du reste de la circulation (Cerema, 2021)18. Ainsi les axes restants, les axes de desserte locale, dans les zones résidentielles ou commerciales, ont une circulation motorisé faible : ce sont des zones de circulation apaisée, limitées à 30 km/h maximum (zone 30, zone de rencontre, aire piétonne).
Il n’y a donc pas besoin de séparer les cyclistes des voitures, on parle de bandes cyclables, de zone de rencontre, de double-sens cyclable, etc.

Pour dissuader le trafic de transit d’emprunter une rue ou un quartier, il faut que le plan de circulation empêche physiquement la traversée motorisée (mais pas la traversée cyclable) : piétonisation ponctuelle, mise en sens unique, mise en têtebêche (deux sens uniques qui se font face ou se tournent le dos), mise en semiimpasse… Des moyens simples (jardinières, potelets, panneaux) peuvent suffire19. Avec une telle voirie hiérarchisée, les rues de desserte locale n’autorisent pas le trafic motorisé de transit, qui se redéploie sur les grands axes et diminue : une partie significative du flux se reporte sur d’autres modes ou s’évapore (les automobilistes adaptent leurs horaires, modifient leurs destinations ou renoncent à certains déplacements).

2/ La place de la voiture est limitée en ville

Les centres des villes et bourgs sont piétonnisés, pour apaiser la ville et favoriser le commerce. Pour limiter le nombre de voitures et diminuer l’insécurité, le stationnement des véhicules motorisés est alors limité dans les centres villesDes parking relais et un système de transport en commun, régulier et efficace desservant le centre-ville sont mis en place.

3/ Création de rues aux écoles

Pour faciliter et sécuriser le déplacement à vélo des enfants, des rues aux écoles sont mises en place. Elles consistent en la piétonisation partielle ou totale des rues aux abords des écoles aux horaires d’entrée et de sortie des élèves. Elles favorisent la mobilité active des parents et des enfants, sécurisent le chemin maison-école, et limitent l’exposition des enfants à la pollution.

4/ Stationnement vélo

Des offres de stationnements vélos longs et sécurisés sont proposées dans les zones résidentielles où les habitants n’ont pas de quoi garer leur vélo. Des aides pour la création de boxes sécurisés sont proposés aux copropriétés.

Des arceaux abrités (pluie) et visibles doivent être installés de manière régulière et dense dans les villes et bourgs, en centre-ville et aux abords des lieux fréquentés

Des services vélos favorisant la pratique

« L’efficacité des solutions de services vélos pour faciliter l’accès au vélo et ancrer la pratique du vélo comme mode de déplacement est confirmée. Ces services permettent un report modal important et une démotorisation d’une partie des usagers pour des coûts par habitant ou par kilomètre parcouru très faibles. Complémentaires, les services vélos doivent être pensés dans une approche systémique. D’un côté, les solutions de location, les actions d’entreprises, les vélo-écoles encouragent à la pratique, de l’autre, l’aide à l’achat, les ateliers d’autoréparation, le stationnement sécurisé facilitent sa pérennisation »

Ademe, 2021
  • L’aide à l’achat d’un vélo est étendue à tous les types de vélos (VAE, cargos, pliants, mais aussi classiques) et son montant est augmenté. Elle doit également être accessible pour les vélos d’occasion vendus par des particuliers (comme c’est le cas pour la ville de Montpellier par exemple) et vélos achetés neufs via tous les distributeurs (dont internet ou hors Lorient Agglomération).
  • Le service de location de vélo longue durée de Vélo An Oriant est étendu à l’ensemble des habitants de l’agglomération, avec plus de vélos proposés, et de différents types (VAE, biporteur, longtail, etc.).
  • Le système de location de vélos courte durée de Vélo An Orient est étendu autour de Lorient (style vélib’ à Paris) en augmentant le nombre de stations. La carte Korrigo inclus ce service. Le logo vélo doit figurer sur la carte Korrigo comme tous les autres logos de mode de déplacement.
  • Des ateliers de réparation participatifs sont proposés régulièrement au plus grand nombre dans les différentes communes.
  • Les bus de la CTRL permettent l’emport des vélos, grâce à des racks situés à l’avant ou l’arrière (à l’instar des Velobus à Aix-Marseille ou Rouen ou également des cars du réseau Penn-ar-Bed).
  • La vélo-école scolaire est étendue à toute l’agglomération. Des formations mobilité à vélo (vélo école) pour les adultes sont proposées dans toutes les communes.
  • Des stations de gonflage et de réparations en libre-service sont installées sur l’ensemble du territoire, dans les centre-villes et bourgs et sur les grands axes du réseau express vélo. Alternativement ou parallèlement, un réseau de commerces partenaires est créé : ces commerces affichent une signalétique vélo, indiquant à l’usager•ère qu’une pompe et qu’un kit de réparation sont gratuitement mis à disposition.
  • Lorient Agglomération accompagne les entreprises et les employeurs du territoire dans leur mise en place de leur plan de déplacement (anciennement plan de mobilité entreprise) en mettant l’accent sur l’encouragement à la pratique du vélo. Cet accompagnement peut prendre la forme d’incitations financières ou de conseils.
  • La livraison du dernier kilomètre à vélo est encouragée et soutenue, avec notamment des incitations financières. Les collectivités y font appel.
  • Le transport PMR (Personne à Mobilité Réduite) à vélo triporteur intègre la délégation de service public confiée à la CTRL.
  • Un guide de la bonne pratique du vélo est proposé par l’agglomération afin de promouvoir la pratique du vélo, en présentant notamment les particularités du code de la route pour les vélos (tourne-à-droite, double-sens cyclable, etc.

Le plaidoyer en pdf