Retour dans les années 80.
La pratique du vélo en France reste alors embryonnaire, ou cantonnée à une activité sportive/de loisir. Pourtant, une dynamique s’instaure, les études se multiplient, l’État s’intéresse à la thématique, et les choses commencent doucement à bouger.
Le ministère de l’urbanisme et du logement a notamment organisé en 1985 un concours « À pied, à vélo, bien dans la ville », ouvert à toutes les communes de plus de 5 000 habitants, pour distinguer les projets d’aménagement ciblant la sécurité des piétons et des cyclistes. La commune de Quéven s’inscrit à ce concours, car désireuse de mettre en œuvre le concept de piste cyclable, soit un aménagement cyclable indépendant de la voirie réservée aux automobilistes.
Un Projet Visionnaire
Quéven prévoit à cette époque des travaux de grande ampleur pour implanter une canalisation d’eau le long de la route départementale reliant Quéven à Gestel, permettant de relier son réseau au château d’eau de Gestel. Acquisition de foncier, travaux de terrassement, l’occasion est toute trouvée pour aménager sur cette emprise une piste cyclable bidirectionnelle. En étroite collaboration avec les élus gestellois de l’époque, partie prenante au projet.
La motivation principale sera la sécurisation des élèves ralliant le collège Joseph Kerbellec à Quéven au départ de Gestel, trajet bien trop dangereux via la route départementale. Ceci dit, la piste revendique dès le début la mixité d’usage piétons-vélos. Ce qui se comprend aisément vu l’intitulé du concours, et se justifie aussi par le caractère interurbain de la liaison. Ce ne sera donc pas une piste cyclable au sens strcite mais plûtôt ce qui serait appelée aujourd’hui une Voie Verte.
Une Réalisation Historique
Le projet sera retenu au concours, et Quéven poussera même davantage la démarche, allant jusqu’à intégrer la première version du « Club des villes cyclables », en 1989 (aujourd’hui « Club des villes et territoires cyclables et marchables »), qui réunit alors seulement dix communes : Bordeaux, Mérignac, Toulouse, Strasbourg, Arès, Saumur, Chambéry, Franconville, Lorient et donc… Quéven.
L’objectif étant d’échanger informations et expériences sur les politiques cyclables mises en œuvre par les agglomérations. Une volonté politique qui force le respect pour une commune de l’envergure de Quéven.
Retour sur le terrain, avec la matérialisation en 1987 d’une magnifique piste bidirectionnelle de 3 mètres, intégralement en enrobé, isolée de la route départementale par un large espace végétalisé, et serpentant en pleine campagne sur environ 1,5 km, depuis la sortie de Gestel jusqu’à l’entrée de Quéven. Du jamais vu jusqu’alors sur l’agglomération lorientaise.
D’ailleurs, Quéven réitérera sa stratégie de piste cyclable interurbaine une dizaine d’années plus tard, en réalisant un autre ouvrage majeur dans le même esprit, la liaison Quéven/Kerlétu, longeant la D6.
Il a bien sûr fallu s’affranchir des difficultés inhérentes à pareil projet : acquisition de foncier agricole, gestion des frilosités des riverains… Mais cette piste reste une belle preuve pour nos élus actuels que « quand on veut, on peut ». Cerise sur le gâteau, la belle n’a pas pris une ride en 36 ans, et s’arpente avec toujours autant de plaisir !